Le vent souffle à Lune d'argent, Iluariiko était de passage, venant puiser plus de puissance dans le savoir des paladins, et se faisant, fit un crochet par la banque. Fouillant dans le bric à brac digne d'elle, elle tomba sur une lame assez rare, une récompense d'un temps ancien en reconnaissance de l'acte accompli.
Cette lame connut sous le nom de Lame de guerre Sin'dorei, avait été remise a Iluariiko en remerciement d'avoir tué le traitre des elfes de sang. Dar'Khan Drathir. Elle se souvenait du combat comme si elle l'avait mené hier, la faisant sourire de sa malice habituelle.
Ce jour là, elle avait fait équipe avec Mephala, une elfe de sang qui avait suivi l'apprentissage de l'attaque sournoise, depuis les ombres. Pour tuer le dément, on leur avait remis à chacune une épée du puits de soleil, arme à une main, que la palladine dénigrée au profit d'arme à deux mains, mais une idée lui vint sur la route qui menait au repère du pion du roi liche.
Elle se présenta alors seule devant les portes de la forterre, et eut à peine le temps de consacrer une goutte d'eau de l'océan du malèbre, que déja deux "oeil de Dar'khan" se jettèrent sur elle, toutes griffes dehors, pour lui infliger autant de dommages qu'ils purent. Mais rien n'y fit, ils devinrent deux simples orbes d'arcanes pures de jais qu'elle ponctionna pour recharger sa mana au détriment du prince noir des lieux.
Elle traversa le corridor lugubre, aux murs poisseux, éclairé par deux feux de brasiers muraux sur chaque cotés, l'odeur était aussi répugnante que des oeufs pourris depuis un mois, pire encore que le souffre s'échappant d'un volcan en activité, faisant tellement grimacer la dame de lumière qu'elle ne vit pas charger l'arachnéen centurion nérubis.
Son fessier de métal, avec fracas, tomba dans la cour intèrieur du chateau, et le plastron se fit déchirer par les crocs empoisonnés de l'insecte géant. Satisfait, il se recula, pour observer de ses huit yeux sa proie souffrir du poison, et effectivement, elle souffrait, et hurla même jusqu'a perdre haleine. Le choc de la chaire déchirée, sentant le venin bruler ses veines, elle leva sa main droite, les yeux dans le vague, chuchottant un simple mot, avant de fermer les yeux. La main toujours levée se chargea de mana, s'auréolant d'une lueur salvatrice qui vint envahir tout le bras, puis le corps, chassant le poison comme une feuille de note inutile d'un grimoire de sort. Et d'une roulade arrière la vertueuse se mit a la distance optimale pour mieux contre attaquer.
Contre un tel adversaire, seule, elle ne put que se résoudre a utiliser sa botte secrète, frappant magiquement la tarentule mutante d'un marteau de la justice, et la jugeant d'un sceau du croisé sur une terre consacrée. Le marteau l'avait à peine assomé 6 secondes, ce fut une de trop. Elle toisa avec hautain le cadavre insectoide un instant, un oeil du maitre des lieux apparaissant à ses côtés.
-"Hin hin hin, tu espères me vaincre avec de tels enchainements ? Palladine contre Démoniste, le combat va être passionnant, même si au final, tu rejoindras les rangs de mon armée de mort vivants. Pourquoi risquer ta vie au nom de la justice ? Je suis sur que ..."
-" ... Merci pour la mana. J'en aurais besoin pour te tuer"
-"?!"
Et se faisant, Iluariiko leva sa paume vers l'éthéré oeil, et le vida de la mana, avant de reprendre sa route vers le batiment central.
Heureusement, le périmetre défensif se trouvait surtout à l'exterieur, une fois entrée dans le batiment tronant au millieu de la cour du bastion, les étages qui séparaient les deux pendants de la vie étaient déserts. Et enfin, elle arriva dans la salle principale, ses lourdes bottes de métals cliquetant sur l'escalier, les deux protagonistes ne se quittant du regard avec une haine réciproque. Les deux serviteurs mort vivants gesticulaient aux cotés de l'utilisateur des arcanes impies, attendant l'ordre de sauter a la gorge de la femme qui jouait de sa vieille batarde de la main droite.
-"Hin hin hin, quelle folie de se présenter aussi inexpérimentée avec un équipement aussi indigne d'un serviteur de la lumière devant moi, qui es tu pour venir te suicider en essayant de faire seule ce que des groupes n'ont pu faire ?"
-"La où tu vas, tu n'auras pas besoin de le savoir."
-"Pauvre folle, débarassez moi d'elle vous deux !"
D'un geste, Dar'khan donna l'ordre a ses sbires d'attaquer, mais Iluariiko répliqua coup sur coup avec un exorcisme qui ré-expédia les ranimés là d'ou ils venaient.
-"Je vois, donc j'imagine qu'il est inutile de t'offrir une dernière fois la chance de ne pas mourrir en m'affrontant seule ?"
-" ... Mais qui a dit que j'etais seule ?"
-"Quoi ?!"
Le traitre n'eut pas le temps de comprendre pleinement les paroles d'Iluariiko. Juste assez de temps pour comprendre que l'horrible souffrance qui venait de ses hanches venait d'une alliée douée pour les déplacements silencieux d'ombre en ombre. Il eut juste assez de force pour regarder par dessus son épaule, pour voir Mephala le saluer tout sourire, et les manches de deux épées du puits du soleil qui dépassaient de la chute de ses reins. Comme un pantin désarticulé, il chuta aux pieds de la palladine qui le regarder avec malice.
-"Piiiitié ..."
Elle rirent en coeur, Iluariiko se déplacant de côté et Mephala venant la rejoindre.
-"Epargnes ta salive, je ne sers pas la lumière, je ME sers de la lumière."
Et se faisant, elle le décapita, éclaboussant les marches en marbres grisatres d'un sang noiratre, digne d'un mort vivant, pion d'Arthas Menethil, qu'il était. Rangeant sa lame dans le fourreau, elle se tourna vers sa compagne.
-"Je t'avais dit que mon plan marcherait."
-"Oui mais ..."
Mephala n'eut pas le temps de finir sa phrase, elle sentait en elle un torrent arcanique d'une intensité sans égale, bien superieur a la ponction d'un démon, un torrent a la douce saveur des levres d'Iluariiko, sur les siennes.
...
Apres cela, Rapportant ensemble la tête du traitre, elles eurent chacun la récompense de leur choix, une lame de guerre sin'dorei pour la paladine, et une lame de l'aube pour la voleuse. Et cette lame fut l'arme de nombreux morts, jusqu'a ce que Iluariiko trouve une arme plus puissante encore. Mais contrairement aux autres armes, elle la garda, et encore aujourd'hui, elle trone dans son bric à brac, vestige de nombreux souvenirs, dont la plupart, avec malice, la fait sourire.